Et la tartiflette dans tout ça ?
Le sous-titre de ce blog est "La vie, Linux, la tartiflette...". Les deux premiers, d'accord, mais elle est où la bouffe ? Réglons ça mes bon amis !
On va pas se la jouer blog culinaire qui raconte sa vie pendant une plombe avant la recette. On fera ça après.
Pour 4 personnes (ou 2 bons mangeurs):
- 1kg de pomme de terre
- 300gr de pleurotes
- 200gr d'oignons
- 2 gousses d'ail
- 10cl de crème fraîche
- 1 reblochon
- vin blanc, bière,...
- fumée liquide
La fumée liquide, c'est probablement très mauvais pour la santé, mais ça ajoute un goût fumé qui fait la différence. Sentez-vous libre de passer cette étape. Si vous êtes fan de thé, vous pouvez utiliser du Lapsang Souchong pour déglacer ou comme marinade pour les champignons.
- Pré-cuire les pommes de terre coupées (lamelles, cubes, qui suis-je pour juger ?) jusqu'à ce qu'elles soient al-dente
- Rissoler tous les légumes tranchés dans une grosse sauteuse avec peu de matière grasse
- Déglacer avec du vin, bière ou autre liquide acide de votre choix (on a dit déglacer, pas mijoter)
- Se remplir un verre avec le reste de la bouteille
- Ajouter quelques gouttes de cancer/fumée liquide
- Mélanger légumes et patates dans un plat
- Verser de la crème
- Ajouter sel, poivre
- Découper 1/4 du reblochon en dés à répartir dans le plat; mettre les trois autres au-dessus, croûte visible
- 25min à 180°
Peut, bien entendu, se décliner en croziflette avec des crozets au sarrasin à la place des patates pour embrasser encore plus la savoyarde way of life.

Comme je l'ai laissé sous-entendre dans J'ai changé d'avis, mes tartiflettes ne contiennent plus de lardons depuis quelques années. Ce plat est bien mieux que sa version avec de la viande parce que les légumes le rendent plus léger. Et si c'est plus léger, on peut en manger plus !
Comme vous êtes des gens bons, ce dernier paragraphe ne vous a pas ému plus que ça, tout au plus amené un peu de curiosité.
Vous ne faites certainement pas partie de ces jambons utilisant des phrases comme "Fais ton plat avec des champignons si tu veux mais la vraie tartiflette, ça contient des lardons !" ou "Si vous [les végétariens] ne voulez plus manger de viande, pourquoi vous avez besoin de copier la viande ?", non je ne peux le croire puisque mes lecteurs sont tous des gens très distingués.
J'emmerde royalement les gens qui placent l'adjectif "vrai" devant les noms de recette. La "vraie" bolognaise, les "vraies" carbonnades. Malgré son mauvais titre, allez lire cet article de Blick sur l'histoire des pâtes carbonara :
Désolé, mais la vraie carbonara contient de la crème | Blick
Finalement, imaginer la carbonara comme une recette ancestrale respectant le terroir et les circuits courts relève du fantasme.
Contrairement à ce que suggère son titre, l'article montre qu'il n'y a pas de "vraie carbonara", il y a eu une série de recettes dont une, à un moment, contenait de la crème. Il est assez naïf de considérer les recettes de cuisine comme étant quelque chose de figé, sur lequel un groupe de personne s'est mis d'accord. Certaines recettes vont émerger à certains endroits à certains moments, mais elles vont évoluer. Ce fantasme d'un passé traditionnel où tout était mieux, jusque dans l'assiette, a des relents de droite conservatrice qui m'insupporte.
D'ailleurs, dans le cas de la tartiflette, on peut difficilement parler de tradition vu qu'elle n'existait pas il y a deux générations. C'est pas moi qui le dis, c'est Stéphane Bern (si ça c'est pas une source fiable, je ne sais pas ce qu'il vous faut).
La cuisine c'est comme la langue (ah oui, j'emmerde aussi le "vrai" français et les vieux schnocks de l'Académie française), c'est vivant, ça change, chacun possède ses variantes et il serait prétentieux de clamer que notre version est plus authentique que celle de notre voisin. Rester dans le passé, c'est ne pas savoir évoluer. Attention, se renouveler, ce n'est pas non plus nier le passé, on n'innove que sur ce qui existe déjà. Les recettes d'aujourd'hui sont les erreurs de cuisine d'hier.

Est-ce que tout changement est un progrès et devient forcément une norme ? Bien sûr que non. Est-ce que ma recette est un progrès et deviendra une norme ? Je n'ai pas cette prétention.
Est-ce que dans deux générations, on dira "c'est pas mal cette tartiflette avec un fromage aux noix de cajou, ça change du traditionnel reblochon-pleurotes" ? Probablement pas, j'espère que l'on mettra moins de deux générations pour complètement végétaliser cette recette.