Media ID, la presse belge évolue
Récemment, j'ai critiqué la presse traditionnelle (journaux et TV) en disant qu'ils étaient un peu à la ramasse concernant l'internet avec le traitement de la nouvelle du cas SNCB. Aujourd'hui démontrons que les journaux savent s'adapter.
Avec l’avènement du tout gratuit sur internet, la concurrence est rude pour ceux qui font commerce de l'actualité. Quand une nouvelle sur Twitter (ou StatusNet) circule à toute vitesse à coup de RT, les technophiles ont bien compris qu'ils n'avaient pas besoin de payer pour être informés. Nombreux sont les journaux qui se sont cassés les dents sur une tentative d'abonnement ou de financement par la pub. Aujourd'hui je constate que la presse en Belgique est sur le point de bien s'adapter.
[caption id="attachment_3116" align="aligncenter" width="294"] Alfonsine l'autruche vole le pain de pauvres journalistes en ne payant pas d'abonnement[/caption]
Il y a quelques jours ma grand-mère m’annonçait fièrement qu'elle allait recevoir une tablette gratuite avec son abonnement de La Libre Belgique. Avec un peu de recherche je me rend compte que La Libre offre l'accès à sa version électronique pour tous abonnés. Et bien ça c'est très intelligent ! Ainsi ma grand-mère va découvrir les joies du tactile (c'est pas une tablette haut de gamme mais c'est pas le plus important) en la fidélisant à ce journal en ligne. (Après c'est bibi qui va devoir aller installer le wifi chez elle). Le Soir s'associe d'ailleurs avec Belgacom pour proposer des packs tablette + journal version numérique + forfaits 3G. Très intelligent aussi comme formule (je n'ai pas regardé en détail si c'était vraiment avantageux, je préfère acheter séparé en général).
Après reste toujours le problème qu'une grande série d'articles sont disponibles sur leurs sites web. Ces dits articles sont parfois indexés dans des moteurs comme Google News. On se souvient des longs procès où ils affirmaient que cette indexation et mise en cache était une violation du droit d'auteur. Ça faisait depuis 2006 qu'ils se bouffaient la gueule. On s'est bien foutu d'eux, ils ont gagné leur procès, Google les a désindexés, ils ont vu leurs taux de visites chuter à grande vitesse, ils font marche arrière, tout est redevenu comme avant.
Seulement, les journaux ont appris, ils ont réussi en décembre dernier à faire plier Google en signant un accord avec lui. Google leur achète des espaces publicitaires, les journaux utilisent des moyens de promotions type AdWord ou partage sur Google+ pour promouvoir leur contenu. Est-ce que l'accord est une bonne chose ? Non d'une part car il renforce la présence dominante de Google mais oui d'autre part car montre que la presse est capable d'évoluer et renonce à demander une taxe à l'indexation de ses articles comme c'est toujours la volonté en France (tant mieux, c'était franchement con).
Reste toujours le problème d'abonnement. Une nouvelle concernant un évènement nécessite un abonnement sur le site du Soir ? On va allez sur le site de La Libre qui en parle surement. Aucun ne pouvait passer à du contenu vraiment payant quand l'autre proposait du gratuit. Difficile de se décider pour un abonnement numérique quand aucun ne se démarque réellement. Mais début janvier, De Morgen a annoncé (et confirmé ensuite par LaLibre ou LeVif notamment) une initiative très intéressante : Media ID.
[caption id="attachment_3123" align="aligncenter" width="300"] La révolution 3.0, faut pas exagérer non plus mon Coco[/caption]
Media ID serait un identifiant unique à un ensemble de journaux francophones et néerlandophones pour accéder au contenu payant de leurs sites internet. Avec un seul abonnement, on pourrait accéder au contenu premium sur l'ensemble de ces sites. Aucune information sur les prix ou les détails techniques (sortie plannifée pour septembre 2013). Reste à voir comment ça sera mit en place mais je trouve ça intéressant. Une vraie évolution en faisant front commun (on admirera que l'accord inclut des journaux du nord et du sud). Bien entendu on peut déplorer ceux qui resteront à l’écart de cet accord (les petits comme d'habitude) voir des dérives possibles (fichages, tout payant,...).
Au moins, si ça prend, on pourra voir les journaux s'attaquer réellement au vecteur du net sans se reposer sur le modèle économique illusoire de la publicité. La Libre l’annonçait d'ailleurs clairement cette semaine, le payant est une question de survie. Affaire à suivre, on se donne rendez vous en septembre. Bon sur ce, j'ai un wifi à aller installer !